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Prends des bonbons qui t'ont l'air bons !

Et à la fin, tu obtiens ça !

À trop oublier les utopies barrées, le collectif des doigts de pieds finira par manger ses tongs. Coopérêvons !

Vous pouvez écouter notre sympathique réunion, c'est encore mieux qu'une émission sur France Culture !

La sociocratie des bonbecs

 

Dans le cadre de notre projet, nous souhaitions apposer sur les pots de confiture une phrase illustrant "l'esprit de la promo".

 

Nous nous sommes alors penchés sur le processus permettant la définition de cette phrase. Rapidement, nous avons identifié deux écueils : 1.) Choisir parmi des phrases existantes, car cela revenait à nier l’originalité et la singularité de l’esprit de la promo et 2.) Choisir une phrase à la majorité, car cela aboutirait à une phrase d’une majorité de la promo. Le groupe a donc retenu l’idée d’un processus créatif et construisant l’unanimité. Nous nous sommes pour cela appuyés sur nos expériences et inspirés des principes de la sociocratie.

 

Ainsi, le jeudi 16 janvier de 13h à 14h, l’ensemble des étudiants du master, présents ce jour là, ont participé à un processus visant à définir une phrase illustrant l’esprit de la promo.

 

Apports théoriques et transcriptions pratiques

 

De nombreux collectifs ont déjà réfléchi aux conséquences des décisions processus de décisions sur les décisions elles-même. Ainsi, nous nous sommes inspirés de deux de ces travaux :

 

- La brochure infokiosque “Débattons sur les débats”, diffusée par le collectif grenoblois Losk ;

- Les écrits du site sociocratie.net

 

Les principes théoriques que nous avons mobilisés dans notre processus de décision s’articulent sur le principe un « homme = une voix » en réactualisant son sens communément admis :

 

1. Passer de la « voix » comme « avis » à la « voix » comme « idée » : La « voix » fait le plus souvent référence à « droit de vote ». Pourtant, avant d’être un avis, sur une décision, une « voix » est une « idée »… qu’il est facile de perdre dans le chemin des discussions. Ex : Dans nos démocraties représentatives, la capacité à avoir des idées est souvent restreinte au périmètre du parti ou même du candidat. Cette approche bride le champ des possibles et donc la créativité. Il s’agit donc de collecter et conserver toutes les idées en route.

 

2. Redonner de la « voix » à tous les hommes : Les discussions qui précédent un vote voient souvent les mêmes « hommes » prendre la parole. Ces dynamiques s’expliquent par des capacités différenciées à prendre la parole devant ses pairs. Et il n’est pas rare que les configurations des lieux de discussions renforcent ces différences. Ex : Tribune face à une salle. Salle rectangulaire. Il s’agit donc de ne pas faire reposer l’expression uniquement sur la prise de parole orale, de privilégier les petits groupes, de tirer au sort les portes paroles ou encore de choisir une configuration de salle de symétrie axiale !

 

3. Donner une chance aux « hommes » d’accorder leurs « voix » : L’issue des « processus démocratiques classiques », à savoir la décision par vote à la majorité, induit dès le départ une opposition des « hommes » entre eux. Il y aura une majorité… et donc une minorité. A la limite, il n’est même pas nécessaire pour les « hommes » de s’écouter puisqu’à la fin une décision sera prise. Cela transforme les « voix » en « postures », voire aux « dogmes », isolant les hommes dans des positions inconciliables. Si des rapports de force existent toujours au sein d’un groupe, il n’est pas nécessaire d’y faire appel pour chaque prise de décision. Il s’agit d’éviter les polémiques en posant les controverses et progresser, étape par étape, non par exclusion mais par consentement, vers l’unanimité (ou l’absence d’objection).

 

 

Déroulement de la séance (60 min)

 

19 personnes étaient présentes dont trois personnes qui animaient. N.B : Ce document sera diffusé aux deux absents pour qu’ils puissent se prononcer sur la phrase et le processus de décision.La rencontre sera enregistrée de manière audio et des photos seront prises, comme souvenir et moyen de vérifier l’authenticité du processus.

 

1. Bonjour et annonce des consignes (3 minutes).

 

2. Front de libération du Post-it (FLPI) (7 min) : Chacun prend des post-it et écrit des mots qui évoquent l’esprit de la promotion. Les post-it sont de sorte différentes : une pour les verbes, une pour les adjectifs, une pour les noms et une pour n’importe quoi (qui nous passe par la tête). Chacun doit en remplir au moins trois en l’espace de deux minutes. Des crieurs parcourent la salle pour crier les mots qui sont écrits sur les post-it avant de les afficher sur un tableau (3 minutes). Le crieur remet des bonbons à chaque personne, lorsqu’elle rend ses post-it. En fonction des bonbons reçus (4 types différents), les étudiants forment quatre groupes.

 

3. Puissance 4 (12 min) : chaque groupe de 4 personnes doit faire émerger une phrase en cinq minutes en fonction des post-it qui leur sont redistribués (total des post-it de chaque catégorie divisé en quatre et répartis sur les tables). Ils doivent utiliser au moins deux mots écrits sur les post-it. (28 minutes : 3min d’explications + 5x5min). Ils mangent un bonbon (4 bonbons de 4 types différent) qui donnera leur ordre d’arrivée dans la phase suivante.

 

4. Speed Dating (28 min) : Les tables confrontent leurs propositions pour garder une phrase. Pour cela, une personne par groupe s’assoit à une table centrale (4 personnes au départ, les quatre ayant mangé une fraise tagada). Les autres entourent la table centrale et non pas le droit de parler. Toutes les cinq minutes, 4 nouvelles personnes rejoignent le groupe de la table centrale pour rediscuter la phrase et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde intègre la table centrale. A la fin, le groupe des 16 personnes est censé avoir trouvé une phrase, que l’on gardera pour exprimer l’esprit de la promo. Chacun doit pouvoir exposer ses griefs. A ce titre, les participants disposent d’un droit de veto.

 

5. Kit ou double (10 min) : Durant, cette dernière phrase les personnes ayant participé ont discuté collectivement du processus de décision, afin d’en souligner les avantages, les limites, et de discuter de la légitimité de la décision prise dans ces conditions (la phrase ainsi écrite). La phrase a été finalement adoptée et le processus jugé intéressant par l’ensemble de la classe, mais des limites ont été constatées.

 

 

Limites constatées

 

- « Non-participation » des trois animateurs. Pour certains, il est dommage voire dommageable que les animateurs n’aient pas participé. Pour d’autres, ce rôle d’animation est en soit une participation au processus et en considèrent d’autre part qu’une animation interne était incontournable pour que le processus arrive à son terme, mais aussi pour que l’ensemble du processus ne soit pas connu des « participants » et ainsi n’influe pas sur leur façon de participer.

 

- « Crieurs », créativité et anonymat. Certains ont jugé perturbant voire inhibant les cris des mots recueillis. Pour d’autres, le principe des crieurs ne permettait pas de respecter un strict anonymat.

 

- « Chasser le naturel… ». Certains font le constat que des groupes ont pu faire le choix de processus anti sociocratique durant la première phase du processus car certains groupes ont éliminés les post-it par vote. D’autres analysent cela comme pédagogique dans la mesure où tous les groupes n’ont pas mobilisé le vote tout en réussissant à faire émerger une phrase avec des mots contenus sur les post-it. Par ailleurs, d’autres analysent ce fait comme un progrès en soi dans la mesure où le principe du vote n’était pas imposé mais choisi par le groupe comme outil.

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